Résidence avec Fotolimo et le Mémorial de Rivesaltes

“Notre affaire est de passer en traçant des chemins sur la mer”

(Antonio  Machado)

Le projet de Laetitia Tura a été sélectionné pour la première résidence de création menée conjointement par FotoLimo et le Mémorial de Rivesaltes en 2018/2019. Son travail sera exposé au Mémorial et pendant le festival Fotolimo à l’automne 2019.

A la frontière franco-espagnole, d’un exil à l’autre. Le bégaiement de l’histoire à travers des portraits croisés entre les enfants d’hier de la retirada, et les adolescents qui arrivent d’Afrique aujourd’hui. D’un côté, la réhabilitation des mémoires des vaincus de la guerre d’Espagne, et de l’autre, la répétition de politiques etde pratiques à l’égard des exilés - à savoir le tri, la mise à l’écart et l’exclusion.

“Karim, Othman, Soufiane sont des enfants et des jeunes adultes qui ont grandi trop vite. Ils sont arrivés à Perpignan après avoir parcouru des milliers de kilomètres à pied, en train, en bateau depuis l’Afrique. Ils portent la frontière en eux. Ils en sont les experts. Ils fuient les pouvoirs autoritaires et répressifs qui sévissent dans leurs pays, et l’absence de perspectives. Leur quête de liberté ou leurs urgences vitales les a conduit jusqu’ici. A leur arrivée en France, leur vie est toujours en suspens et leurs corps sont soumis aux contrôles et aux menaces d’expulsions. Aujourd’hui, ils doivent mesurer ce qu’ils peuvent dire ou oublier, négocier l’utile ou l’encombrant dans leur mémoire pour se construire, survivre au présent. Ils sont devenus les figures indésirables contre lesquelles se mobilisent les mouvements identitaires et fascistes qui se propagent en Europe. 

Leurs récits m’en rappellent d’autres, ceux des enfants d’il y a 80 ans qui ont franchi cette même frontière franco-espagnole. Ils s’appellent Octavio, Dolores, Maria. Leurs familles ont pris part à la lutte contre le fascisme pendant la guerre d’Espagne. Vaincus par l’armée de Franco, ces familles ont du quitter l’Espagne en 1939, traverser les Pyrénées, pour sauver leurs vies. 

80 ans séparent ces destins, et pourtant leurs similitudes interpellent. Ils ont en commun d’être ou d’avoir été des indésirables. Alors que des hommages sont aujourd’hui rendus aux exilés espagnols, la présence des jeunes exilés est sans cesse remise en cause. Contre l’amnèsie, et pour saisir le bégaiement historique actuel, les exilés espagnols nous invitent à regarder le présent à travers leurs récits.”

TRAVAIL EN COURS